La respiration du point de vue physique

La plupart du temps, nous respirons de façon automatique et inconsciente, et parfois plus ou moins bien. En effet, la respiration physiologique, de repos, est abdominale, mais encore faut-il que notre posture, l’état de notre mental le permettent. Par exemple, le simple fait d’être assis sans tenir compte des courbes naturelles de la colonne vertébrale empêche cette respiration abdominale de se faire. Il est donc important de s’asseoir en conservant la cambrure lombaire et un bassin en antéversion. Cela garantit un dégagement de l’espace abdominal, ce qui est compliqué en flexion lombaire. Evidemment, il faut adopter la même attitude en position debout.

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La respiration, au delà d’oxygéner nos cellules, a une incidence sur le système nerveux autonome (sympathique et parasympathique) qui régule la fonction de nos organes digestifs, cardio-vasculaires, pulmonaires… Le système nerveux autonome fonctionne, comme son nom l’indique, de manière automatique. Il y a un équilibre entre les moments où le sympathique stimule un organe, pour qu’il se mette en action et où le parasympathique l’incite à ralentir. Si un danger se présente, par exemple, la pression artérielle, le rythme cardiaque, vont augmenter instantanément, ce qui nous permettra de réagir, de fuir ou de nous défendre. Le parasympathique quant à lui, va ralentir le fonctionnement d’un organe lorsqu’il n’a plus de raison de travailler.

Si tout cela s’organise et fonctionne tout seul, certaines pathologies peuvent naturellement perturber ce système. Ce n’est pas l’objet de cet article. Aussi nous ne nous y attarderons pas. Ce qui nous intéresse, c’est le rôle de la respiration dans la pratique du yoga.

Sur le tapis, généralement, nous pratiquons en conscience du mouvement, des sensations coroprelles et de la respiration. Or, le fait de respirer en conscience a tendance à naturellement allonger le souffle. Cela agit sur le système nerveux autonome. Plus précisément, il y a une stimulation du parasympathique, par le biais du nerf vague. C’est bien sûr le cas pour la cohérence cardiaque et les exercices de pranayama (excercices respiratoires spécifiques dans le yoga). Quand on sait que le parasymapthique baisse en tonicité avec l’âge (avec tout ce que cela peut présenter comme risques sur le plan physiologique), il est donc intéressant de pratiquer avec cette conscience du souffle.

De plus, la respiration étant étroitement liée à notre attitude mentale, lorsque nous respirons tranquillement, il y a de fortes chances pour que l’agitation mentale se calme en résonance. La respiration est donc un outil extraordinaire sur le plan physique et psychique.

poumons

Le souffle d’un point de vue énergétique

Dans la culture indienne, il est une chose omniprésente et qui semble évidente. Il s’agit de l’énergie vitale universelle, présente en chaque chose, partout dans l’univers et bien évidemment dans l’air que nous respirons. On la nomme le prana. Cette notion existe, sous d’autres noms, chez les Chinois avec le ch’i, et ki ou reiki pour les japonais. Si cette notion d’énergie vitale universelle est courante en Asie, il semblerait qu’elle le soit moins en Occident. Je pense qu’elle l’était avant l’ère judéo-chrétienne, avec les chamans, druides et autres… Et nous verrons dans l’article concernant l’étymologie du souffle, que nous entretenons un lien spirituel avec le souffle depuis longtemps.

Pour ce qui concerne le prana, pour les yogis, il circule dans le corps par des canaux (nadi en sanskrit). Ils peuvent être comparés aux méridiens de l’acupuncture chinoise, bien que ce ne soit pas les mêmes. Il y a une multitude de nadis dans le corps, trois surtout vont retenir notre attention. La sushumna, située sur l’axe vertébral. Ida qui part des terminaisons nerveuses de la narine gauche et descend jusqu’au niveau du périnée (muladhara, premier chakra), et, pingala qui part de la terminaison nerveuse de la narine droite, qui descend aussi jusqu’à muladhara.

Ida est associé à la lune et l’aspect féminin (la réflexion, la rondeur, la fraîcheur…). Pingala est associé au soleil et l’aspect masculin (l’action, le feu, la chaleur…). On retrouve ces deux principes avec le yin et le yang chez les Chinois.

C’est sur la sushumna que sont situés les fameux chakras, du moins les sept principaux, car il y en a aussi beaucoup d’autres. En sanskrit, chakra veut dire roue. Il s’agit donc d’un carrefour énergétique en quelque sorte. Le premier se trouve au niveau du sacrum, le second entre le haut du sacrum et la base de la colonne vertébrale, le troisième au niveau du nombril, le quatrième au plexus solaire. le cinquième se trouve à la naissance de la gorge, le sixième au centre du crâne, entre les sourcils et le septième tout au sommet du crâne.

Personnellement, j’aime à les nommer comme autant de centres psycho-émotionnels. En effet, ne dit-on pas, dans le langage populaire : « j’ai un noeud dans le ventre », « j’en ai gros sur le coeur », « plein le dos », « ça me serre la gorge » ect… ? Tout autant de lieux où nous ressentons physiquement et parfois très fortement des émotions… Plusieurs glandes du système endocrinien se trouvent aussi à proximité des principaux chakras.

Pour les yogis, avec du travail et des exercices spécifiques, il est possible de contrôler et diriger le prana à des fins d’élévation spirituelle. A notre humble niveau, la pratique posturale et les exercices de pranayama (exercices d’étirement, de contrôle du souffle) et tout simplement par une respiration fluide et consciente dans la pratique, nous favorisons certainement la libre circulation du prana dans le corps.

Chakras, souffle énergétique

Le souffle, étymologie

Qu’est-ce que le souffle ? Pourquoi tant d’efforts pour rester centré sur cet acte simple, en apparence évident, de respirer ?

Tout un chacun, qui prendra le temps de s’asseoir un instant sur un coussin en observant simplement sa respiration, constatera très vite qu’elle est liée à l’attitude mentale. Tout méditant le sait bien, car c’est un phénomène simple à observer.

Depuis toujours, le spirituel est lié au souffle. L’étymologie du « souffle » est intéressante en effet. Esprit vient du latin spiritus, du verbe spiro, in-spiro, ex-piro, re-spiro. En sanskrit aniti, ânayati, qui veulent dire respirer, proviennent aussi de la racine an. On retrouve cette syllabe dans atman (le Soi) et prana (souffle, respiration). Le même lien entre le souffle et l’esprit se retrouve dans d’autres langues d’origines indo européennes. Du grec « anemos », signifiant vent, et du latin « animus » on arrive à l’allemand « atmen » qui signifie aussi respirer.

Nous pouvons donc établir un lien à travers ces différents termes, entre l’âme, l’esprit et la respiration. Le souffle est aussi présent dans la tradition judéo-chrétienne où Dieu insuffle la vie à l’homme.

Dans la pensée indienne « atman », le Soi individuel, est relié à Brahman, le Soi universel, par le souffle. « Prana » (le souffle) est défini comme un principe de vie invisible et présent partout. Tout ce qui vit baigne dans le prana. Que nous en ayons conscience ou non ce principe de vie anime chaque chose.

Etre inspiré, c’est être à l’écoute d’une vibration originelle. Travailler sur le souffle, c’est agir sur nos facultés psychiques, sur notre conscience. C’est communier avec tout ce qui respire, tout ce qui vit, se relier à notre nature profonde, à notre environnement, aux autres, à l’Univers.

souffle de vie