Horizon 108 et le Petit Prince

Horizon 108 et le Petit Prince

Dans le cadre de nos cours avec Horizon 108, nous abordons naturellement la philosophie du yoga, avec les yoga sutras de Patanjali, par exemple et d’autres textes issus de la tradition indienne quelquefois. Mais il y a aussi de nombreux ouvrages philosophiques, écrits en occident et par des occidentaux avec lesquels nous pouvons faire des liens avec les textes anciens du yoga.

Nous avons décidé, pour cette saison 2021-2022, de nous appuyer sur le Petit Prince de Saint Exupéry. L’enseignant lit quelques pages en début de séance et cela nous permet, avant la pratique sur le tapis, d’échanger quelques minutes sur les nombreux thèmes évoqués par l’auteur. Nous avons tous plus ou moins lu un jour cette belle histoire. Nous en avons souvent un lointain souvenir et cela nous permet de la revoir sous un autre éclairage.

Saint Exupéry nous invite à nous questionner sur de nombreux aspects de la vie, tout comme le font les textes initiaiques de l’Inde antique. Le yoga est là pour nous questionner, il nous bouscule parfois. Le Petit Prince est finalement un guide qui peut nous accompagner dans notre évolution sur le tapis et dans la vie.

L’article suivant, intitulé le Petit Prince et le yoga traite des chapitres I et II

Le petit Prince et le yoga

Le Petit Prince et le yoga

Rencontre (chapitres I et II)

« Et c’est ainsi que je fis la connaissance du petit Prince », nous dit Saint-Exupéry. Mais qui est ce petit Prince ? Ne s’agit-il pas, au fond, de l’enfant qui survit en chacun d’entre nous ? Cet enfant au regard ingénu qui interpelle l’adulte que nous sommes devenu.

Dans cette phrase incongrue : « s’il vous plaît, dessine-moi un mouton. » le Petit Prince dérange l’auteur alors occupé à réparer son avion. C’est pour lui une question de vie ou de mort. Il doit quitter le désert où il se trouve seul et isolé. C’est important, pour lui essentiel. Et pourtant, il finit par entendre la demande et se plier à la requête de l’enfant.

Pourquoi le fait-il ? Peut-être parce qu’il a gardé l’âme candide de cet enfant qu’il a été, justement, et qui dessinait des boas ouverts et fermés. Cette requête singulière du Petit Prince, dans les circonstances évoquées dans cette histoire, nous pose question :
– Qui suis-je, au fond ? A quoi est-ce que j’aspire réellement ?

Derrière l’adulte occupé à gagner sa vie, sacrifiant aux nombreuses tâches très importantes du quotidien, reste t-il de la place pour autre chose ? Au-delà de nos certitudes, de nos croyances, de nos peurs, sommes-nous encore capables de rêver ? Au-delà de nos attachements, de nos conditionnements, du jeu de l’ego, de nos illusions, pouvons-nous voir le monde tel qu’il est, dans la simplicité ? Sommes-nous capables d’émerveillement, d’aimer sans crainte, sans attente ?

Le poids de l’éducation, ma condition sociale, les conventions, le désir de se fondre dans le moule, la peur d’afficher ma singularité n’ont-ils pas étouffé ce que je suis vraiment ?

Mes occupations ne sont-elles pas, insidieusement, devenues des préoccupations ?

Finalement, suis-je libre ?

Chacun d’entre nous recèle des trésors cachés, des talents enfouis, parfois ignorés, oubliés ou refoulés ! Comme Saint-Exupéry l’exprime si bien dans l’histoire, nous sommes tous cet artiste qui a arrêté sa carrière à 6 ans, ou peut-être plus tard, à 10, 15 ou 20 ans… Nous en avons plus ou moins conscience et nous avons pris l’habitude de vivre avec ça.

« C’est comme ça, on y peut-rien … Ah oui, j’aurais bien aimé faire ceci ou cela… Si j’avais pu, si on m’en avait donné les moyens… » Pour peu que j’évoque un désir de changement, les autres me raisonnent. « Es-tu fou ? Mais tu n’es pas sérieux, tu as la sécurité de l’emploi, tu es en couple, tu es ceci cela… Ne va pas tout gâcher. » Et puis, que vont penser les autres de moi ? C’est assez confortable, finalement, de faire semblant, d’oublier nos aspirations profondes. C’est plus pratique de fermer la porte à cet enfant idiot qui voudrait que je lui dessine un mouton.

Mais si j’écoutais un peu plus souvent cette petite voix intérieure, plutôt que toujours me laisser dicter ma conduite par les autres, les circonstances ? Elle n’est pas toujours conventionnelle, peut-être un peu folle, et alors ? Et si je laissais un peu plus de place aux choses intuitives, au hasard, à la fantaisie, aux rencontres ? Et si j’osais sortir un peu de ma zone de confort ? Pourquoi ne pas me mettre à dessiner des boas, des éléphants ou à écrire ou peindre ou à jouer de la musique, sculpter, fabriquer des meubles, faire une formation, changer de métier, m’engager pour une cause ou en politique ou que sais-je ?

Qui sait mieux que l’enfant qui réside en moi ce qu’ont été mes rêves, mes aspirations refoulées, oubliées ? Cette petite voix intérieure que nous écoutons si peu, en yoga s’appelle la budhi, c’est l’intelligence intuitive. Dans la philosophie indienne, l’esprit est nommé chitta et il est constitué d’amkara, l’ego, de manas, l’esprit analytique et de la budhi. Si nous écoutons et accordons une importance indéniable aux deux premiers, nous avons souvent tendance à négliger la dernière, moins importante en apparence…

La pratique du yoga nous invite à nous reconnecter à cette intelligence intuitive. C’est elle qui nous montre la beauté des choses, qui nous émeut et révèle nos talents ignorés. Si toutes ces petites voix qui murmurent en chacune, chacun d’entre nous se libéraient de la peur, des conventions, elles chanteraient à l’unisson un hymne à la joie de vivre, d’être simplement, d’aimer. Le regard de l’enfant qui réside en nous lève le voile de nos illusions, nous invite à la contemplation, nous ramène à l’essentiel.

Laissons libre court à notre imagination, nos rêves, notre créativité. Dessinons des moutons, des fleurs et des oiseaux sur les murs de notre prison d’adulte. Ne construisons plus des murs derrière lesquels nous réfugier mais des ponts pour nous hisser au-dessus de nos peurs, pour aller vers les autres. Peignons ces ponts de mille couleurs et devenons arc-en-ciel, les pieds sur la terre, le cœur tourné vers l’horizon et la tête dans les étoiles.

 

 

ou faire du yoga ?

Yoga à Roussay, Sèvremoine : téléphone  06 32 22 96 22

Yoga à Orée d’Anjou : téléphone 06 07 78 55 36